Gedenkfeier in Schupf am 12. November 2022

Der Präsident der „Association Nationale des Familles des Martyrs d’Oradour-sur-Glane“, Benoit Sadry, hielt in Schupf eine beeindruckende Rede zum Erinnern als Motor der deutsch-französischen Freundschaft.

Mit seiner Erlaubnis geben wir hier die Rede im Original auf Französisch und in einer Übersetzung einer in Franken lebenden Französin wieder.

Original Rede auf Französisch

Mesdames, Messieurs,

En ces jours, où la paix mondiale est plus vacillante que jamais, où le conflit entre l’Ukraine et la Russie nous redonne à voir des images que nous n’étions plus habitués à voir sur notre continent européen, permettez-moi de vous exprimer ma gratitude pour votre invitation à cette journée de commémoration.

Je viens d’une petite ville du centre de la France où, le 10 Juin 1944, des soldats de la Division SS Das Reich ont commis l’un des plus grands massacres de civils au cours de la Seconde Guerre Mondiale. De cette riante petite cité limousine, si pittoresque, qui répondait au nom mélodieux d’Oradour-sur-Glane, il ne restait, au soir de cette funeste journée, que des ruines fumantes et des vies sacrifiées. Tandis que 190 hommes, répartis en petits groupes dans des granges, étaient fusillés, 248 femmes et 205 enfants étaient enfermés dans l’église avant d’y être exécutés. A l’horreur du massacre des habitants, les soldats ont ajouté l’horreur de la destruction du village par le feu. Dans un dernier adieu au monde des vivants, les cloches de la vieille église ont fondu en versant leurs larmes de bronze sur les 643 suppliciés. De ce jour-là, le mot « Oradour » est devenu dans la langue française le nom commun pour désigner un massacre ou un acte de barbarie sur des civils.

Quelques mois après le massacre, le gouvernement français, dirigé par le général de Gaulle, a décidé de conserver les ruines d’Oradour pour en faire « le symbole des malheurs de la Patrie au cours de la Seconde guerre mondiale ». Un nouveau village, reconstruit à proximité par l’Etat pour reloger les survivants, a été pensé pour montrer les deux visages de l’Homme : le pire lorsqu’il détruit et le meilleur lorsqu’il reconstruit. Aujourd’hui encore, la ville d’Oradour-sur-Glane montre ces deux aspects opposés de l’Homme aux 300 000 personnes qui y viennent en visite chaque année.

Mais après la terreur et le temps du deuil, Oradour-sur-Glane est aussi devenu au fil des décennies l’un des fondements de l’Union européenne. Je pourrai même dire – peut-être – que l’Union européenne est née des cendres d’Oradour, comme elle est née des cendres des martyrs des camps de concentration, des victimes des bombardements de nos villes ou des résistants suppliciés jusqu’à l’ultime agonie. En effet, Oradour donne chaque jour à voir ce pourquoi des hommes politiques courageux et visionnaires – allemands, belges, français, italiens, luxembourgeois ou néerlandais – ont voulu changer les choses en signant à Rome, il y a 65 ans, le premier Traité d’Union européenne.

Des siècles d’éducation, de culture et de science n’étaient pas parvenus à empêcher le cataclysme produit par deux guerres mondiales, mais cette fois ces dirigeants – décidés à ce que leur peuple respectif n’ait plus jamais à revivre la dictature, les déchaînements de violences, la négation de l’Homme que notre continent venait de connaître au cours du dernier conflit mondial – déclinaient un nouvel idéal européen fondé sur la liberté, la dignité de l’Homme, la justice et la solidarité. Par cet acte solennel d’union de leurs peuples, ces gouvernants européens donnaient sens au souhait si magnifiquement formulé par Roman Kent, un survivant du camp d’Auschwitz-Birkenau, qui disait : « Nous ne voulons pas, non, nous ne voulons pas que notre passé soit l’avenir de nos enfants ! ».

Déjà, 25 ans auparavant, en 1932, votre compatriote Albert Einstein dans une réflexion, sur le thème Pourquoi la guerre ?, sous forme de questions-réponses avec Sigmund Freud s’interrogeait : Existe-t-il un moyen d’affranchir les Hommes de la menace de la guerre ? Comment est-il possible que la masse se laisse enflammer jusqu’à la folie et au sacrifice ? Le psychanalyste viennois lui avait fait cette réponse : « Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille contre la guerre ». Il rejoignait en cela la « Société des Esprits » décrite dès 1930 par le philosophe français Paul Valéry qui expliquait que l’éducation et la coopération des peuples étaient les meilleurs atouts de protection contre le déchainement de la violence et de la guerre.

Même si après les déchirures de la dernière guerre, il ne fut pas toujours facile de renouer la coopération entre nos peuples – nous le savons si bien à Oradour – notre action et notre engagement pour le développement des libertés et la poursuite de cet idéal européen – humaniste et démocratique – né des souffrances du passé sont pourtant les meilleurs hommages que nous pouvons rendre à ceux qui sont tombés en martyrs. A Oradour, le 4 septembre 2013, le président allemand Joachim Gaück a reconnu officiellement le crime de guerre perpétré dans cette petite cité française par « une unité sous commandement allemand ». Mais cet acte solennel avait un sens bien plus profond que la simple reconnaissance du massacre perpétré en 1944. Pour les familles des victimes et les survivants du massacre, il a rendu possible « un chemin vers l’avenir, un avenir commun, un avenir pacifique et dans le partenariat entre la France et l’Allemagne ».

Dans des sociétés où la violence semble gagner chaque jour un peu plus, où le développement de l’individualisme favorise la montée de la xénophobie et du racisme ; dans ce monde qui nous offre à nouveau – aux portes de l’Europe – le spectacle de combats que nous croyions ceux d’un autre temps, d’images de ruines fumantes et de rues jonchées de cadavres qui nous ramènent avec brutalité aux images que nous laissait Oradour au lendemain du massacre en 1944 ; il est de notre devoir de promouvoir – mais aussi d’en être les gardiens – les valeurs humanistes, démocratiques et de solidarité de ceux qui ont imaginé l’Europe d’après-guerre et dont nous bénéficions aujourd’hui encore. Il s’agit là de notre devoir envers ceux qui sont tombés, il y a bientôt 80 ans, car, nous, nous savons maintenant que « les nations les plus « civilisées » peuvent aussi produire des monstres et des monstruosités. Nous savons jusqu’où et surtout comment la barbarie humaine peut tout emporter, jusqu’à l’humanité même en l’homme ».

Ce devoir de mémoire qui nous anime – et qui nous rassemble aujourd’hui – doit permettre à nos compatriotes de saisir les signes du passé dans notre présent, afin de pouvoir construire ensemble l’avenir pour lesquels certains – en d’autres temps – n’ont pas hésité à sacrifier leur vie.

Vive l’amitié franco-allemande !

Vive l’Europe !

 Benoit Sadry

Président de l’Association Nationale des Familles des Martyrs d’Oradour-sur-Glane 

 

Schupf, le 12 novembre 2022

 

Deutsche Übersetzung

Sehr geehrte Damen und Herren,

 in diesen Tagen, wo der Weltfriede unsicherer ist denn je, wo der Konflikt zwischen der Ukraine und Russland uns wieder Bilder vor Augen führt, wie wir sie auf unserem europäischen Kontinent nicht mehr zu sehen gewohnt waren, möchte ich Ihnen meine Dankbarkeit für die Einladung zu diesem Tag des Gedenkens zum Ausdruck bringen. 

Ich komme aus einer kleinen Stadt im Zentrum Frankreichs, in der am 10. Juni 1944 Soldaten der SS-Division Das Reich eines der größten Massaker an der Zivilbevölkerung im Verlauf des Zweiten Weltkriegs begangen haben. Von diesem heiteren, so malerischen Ort im Limousin mit dem wohlklingenden Namen Oradour-sur-Glane blieben am Abend dieses unheilvollen Tages nichts als rauchende Ruinen und geopferte Leben. Während 190 Männer, aufgeteilt in kleinen Gruppen in den Scheunen, erschossen wurden, waren 248 Frauen und 205 Kinder in der Kirche eingesperrt, bevor sie dort ermordet wurden. Zum Schrecken des Massakers an den Bewohnern fügten die Soldaten noch den Schrecken der Zerstörung des Dorfes durch Feuer hinzu. In einem letzten Adieu an die Welt der Lebenden sind die Glocken der alten Kirche geschmolzen und haben ihre Bronzetränen über die 643 Hingemordeten vergossen. Seit diesem Tag ist das Wort Oradour in der französischen Sprache die gängige Bezeichnung für ein Massaker oder einen Akt der Barbarei an Zivilisten geworden. 

Einige Monate nach dem Massaker beschloss die französische Regierung unter Leitung General de Gaulles, die Ruinen von Oradour zu erhalten und daraus „ein Symbol für das Elend des Vaterlands im Verlauf des Zweiten Weltkriegs zu machen.“ Ein neues Dorf, vom Staat zur Unterbringung der Überlebenden in der Nähe erbaut, war dazu gedacht, die zwei Gesichter des Menschen zu zeigen: Das schlimmste, zerstörerische, und das beste, wenn er wieder aufbaut. Noch heute zeigt die Stadt Oradour-sur-Glane den 300 000 Menschen, die hierher jedes Jahr zu Besuch kommen, diese zwei entgegengesetzten Aspekte des Menschen. 

Aber nach dem Schrecken und der Zeit der Trauer ist Oradour-sur-Glane im Lauf der Jahrzehnte auch eines der Fundamente der Europäischen Union geworden. Ich möchte sogar sagen, dass die Europäische Union – möglicherweise – aus der Asche von Oradour geboren wurde, so wie auch aus der Asche der Märtyrer in den Konzentrationslagern, der Opfer der Bombardierungen unserer Städte oder der bis zum letzten Atemzug Gefolterten des Widerstands. Tatsächlich führt Oradour jeden Tag vor Augen, weshalb Politiker mit Mut und Visionen – Deutsche, Belgier, Franzosen, Italiener, Luxemburger oder Niederländer – die Dinge ändern wollten, als sie in Rom vor 65 Jahren den ersten Vertrag der Europäischen Union unterschrieben.

 Jahrhunderten der Bildung, Kultur und Wissenschaft ist es nicht gelungen, den totalen Niedergang durch die beiden Weltkriege zu verhindern, aber dieses Mal bekannten sich die  Verantwortlichen – überzeugt davon, dass ihre Völker nie wieder eine Diktatur, nie wieder eine Entfesselung der Gewalt, eine Verneinung der Menschlichkeit haben soll, wie das unser Kontinent gerade erst im Verlauf des letzten weltweiten Konflikts kennen gelernt hatte – zu einem neuen europäischen Ideal, gegründet auf Freiheit, Menschenwürde, Gerechtigkeit und Solidarität. Durch den feierlichen Akt der Einheit ihrer Völker gaben diese europäischen Regierenden dem Wunsch einen Sinn, den Roman Kent, ein Überlebender des Lagers Auschwitz-Birkenau, so wunderbar ausdrückte, indem er sagte: Wir wollen nicht, nein, wir wollen nicht, dass unsere Vergangenheit die Zukunft unserer Kinder ist!

 Schon 25 Jahre davor, 1932, fragte sich Ihr Landsmann Albert Einstein in einer Betrachtung zum Thema Weshalb Krieg? zusammen mit Sigmund Freud in Form von Frage und Antwort: „Gibt es einen Weg, die Menschen von der Bedrohung durch den Krieg zu befreien? Wie ist es möglich, dass die Masse sich bis zur Tollheit und zum Selbstopfer mitreißen lässt?“ Der Wiener Psychoanalytiker hatte ihm diese Antwort gegeben: „Alles, was der Entwicklung der Kultur zuarbeitet, arbeitet gegen den Krieg.“ Er schloss sich damit der seit 1930 geschriebenen „Société des Esprits“ an, wo der französische Philosoph Paul Valéry erklärte, dass Bildung und Zusammenarbeit der Völker der beste Schutz gegen die Entfesselung von Gewalt und Krieg seien.

 Auch wenn es nach der Zerrissenheit im letzten Krieg nicht immer einfach war, wieder eine Zusammenarbeit zwischen unseren Völkern zu knüpfen – in Oradour wissen wir das sehr gut –, unser Wirken, unser Einsatz für die Entwicklung der Freiheit, unser Verfolgen dieses aus dem Leid der Vergangenheit geborenen europäischen humanen und demokratischen Ideals, sind trotz allem die bestmögliche Würdigung für diejenigen, die ihr Leben dafür geopfert haben. Am 4. September 2013 hat der deutsche Bundespräsident Joachim Gauck offiziell das Kriegsverbrechen anerkannt, das in diesem kleinen französischen Ort durch „eine Einheit unter deutschem Befehl“ begangen wurde. Aber dieser feierliche Akt hatte eine weit tiefer gehende Bedeutung als nur die Anerkennung des 1944 verübten Massakers. Für die Familien der Opfer und für die Überlebenden ermöglichte sich „ein Weg in die Zukunft, eine gemeinsame Zukunft, eine friedliche Zukunft in Partnerschaft zwischen Frankreich und Deutschland.“

In Gesellschaften, in denen die Gewalt jeden Tag ein wenig zuzunehmen scheint, wo die Entwicklung des Individualismus einen Anstieg der Ausländerfeindlichkeit und des Rassismus begünstigt; in dieser Welt, die uns neuerlich, an den Rändern Europas, das Schauspiel von Kämpfen vor Augen führt, von denen wir glaubten, sie gehörten einer anderen Zeit an, mit Bildern rauchender Ruinen und Straßen, die mit Leichen übersät sind, und die uns mit Brutalität zu Bildern zurückführen, wie sie uns Oradour vom Tag nach dem Massaker hinterließ; es ist unsere Pflicht, die menschlichen, demokratischen und solidarischen Werte derjenigen zu fördern – aber auch über sie zu wachen –, die sich das Nachkriegs-Europa ausgedacht haben, von dem wir heute noch profitieren. Es handelt sich da um unsere Pflicht gegenüber denen, die vor nahezu 80 Jahren umgekommen sind, weil wir heute nämlich wissen, dass „auch die ‚zivilisiertesten’ Nationen Unmenschen und Unmenschlichkeit hervorbringen können. Wir wissen, inwieweit und vor allem auf welche Weise menschliche Barbarei alles mit fortreißen kann, bis hin zur Menschlichkeit im Menschen selbst.“

Diese Pflicht des Erinnerns, die uns bewegt – und die uns heute zusammenführt –, soll unseren Mitbürgern erlauben, in der Gegenwart die Zeichen des Vergangenen zu erfassen, damit wir gemeinsam eine Zukunft bauen können, für die – in früheren Zeiten – viele nicht gezögert haben, ihr Leben zu opfern.

Es lebe die französisch-deutsche Freundschaft!

Es lebe Europa!

 

Benoit Sadry

Président de l’Association Nationale des Familles des Martyrs d’Oradour-sur-Glane 

 

Schupf, 12. November 2022